Bibliographie

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Aumônier de la maison d’arrêt de Nanterre le jour, « confesseur » de prostituées la nuit, le père Jean Philippe consacre sa vie aux parias de la société. Au Bois de Boulogne, son camping-car veut être un havre de paix et d’accueil pour les travestis de la nuit. Enfant martyrisé et délinquant précoce, Jean-Philippe Chauveau devrait actuellement être sous les verrous; pourtant, aujourd’hui, c’est lui qui accompagne les personnes incarcérées, prostituées, droguées… Ce résilient converti au Christ affirme qu’un regard de bonté peut sauver une vie. La sienne en apporte la preuve.

 

Père Jean-Philippe, le curé qui veut sortir les prostitués du Bois

Société

Le prêtre catholique Jean-Philippe Chauveau pose dans l'église Saint-Cécile à Boulogne-Billancourt en banlieue parisienne - MARTIN BUREAU - AFP
Le prêtre catholique Jean-Philippe Chauveau pose dans l’église Saint-Cécile à Boulogne-Billancourt en banlieue parisienne MARTIN BUREAU  /  AFP

Élevé par un père alcoolique et incestueux, violé par un voisin à 12 ans, en maison de correction à 13: le père Jean-Philippe Chauveau se présente comme un « résilient de la grâce ». Cet été, il ouvrira les portes d’un ancien couvent aux prostitué(e)s du Bois de Boulogne qui veulent décrocher.

Veste de jogging sur sa bure grise, lunettes à épaisse monture noire: l’homme de 65 ans qui surfe sur son smartphone entre les photos d’un « voyage génial à L.A. » et Street view jure avec l’image d’Épinal du curé loin du siècle.

Il vient de remiser son scooter au garage, après un accident survenu en rentrant du mariage homosexuel « d’une copine du Bois avec son compagnon » : « ça doit être Dieu qui m’a puni! », s’amuse-t-il.

De son enfance dans une cité HLM de La Garenne-Colombe (Hauts-de-Seine), celui que ses fidèles surnomme « Padre » a gardé un langage peu châtié, le tutoiement immédiat et un côté écorché vif. « Je n’étais pas Jacques Mesrine, mais j’aurais pu mal tourner ».

Et d’égrainer comme un chapelet l’enfance pauvre auprès d’un père « buveur très pratiquant » et incestueux, les vols à l’étalage, les pensions et maison de correction. Et le viol, à l’âge de 12 ans, par un voisin: « J’ai pardonné mais mon corps n’a jamais oublié ».

Après cette jeunesse traumatique, Philippe Chauveau – son nom de baptême – a trouvé la porte de sortie grâce à un très pieux collègue ouvrier des ateliers Peugeot : il sera prêtre, version aumônier des galères.

Toxicomanes, prisonniers, prostitués, sa carrière apostolique ressemble à un inventaire de la marge. Depuis près de 20 ans, c’est avant tout dans les allées du Bois de Boulogne, à pied puis au volant d’un camping-car, qu’il exerce son ministère.

Là, avec des bénévoles de l’association Magdalena qu’il a fondée, il propose aux travestis et transsexuels du café, des médailles miraculeuses et de l’écoute. Prie avec ces « dames », signe leur front figé sous le fond de teint. Et évite d’avoir à distribuer lui-même préservatifs et gel lubrifiant – « ce n’est pas mon rôle », dit-il.

Potager et ciergerie

De ces tournées, il raconte les « beaux moments », mais aussi la dureté de la prostitution du « Bois », « pas choisie ». « Je n’oublierai jamais ce jeune Brésilien effondré, perruque de travers et barbe sous son maquillage. Il avait été tiré au sort parmi ses 13 frères et sœurs : c’est lui qui avait dû partir pour ramener de l’argent. Il ne voulait pas retourner dans le bois ».

« On parle du + plus vieux métier du monde, vous parlez d’un métier ! Si on créait des écoles de prostitution, qui y mettrait ses enfants ? », s’énerve-t-il, les yeux humides.

Alors, le curé a voulu faire plus. Il y a d’abord eu les pèlerinages à Lourdes, une fois par an : « Faut imaginer la tête des gens dans le TGV quand un curé débarque avec 15 travestis surexcités ! » Puis a germé l’idée d’une « maison fraternelle où elles pourraient apprendre à vivre ».

L’évêque de Meaux, Jean-Yves Nahmias, lui a confié les clés d’un ancien couvent à Écuelles, une commune de 2.500 habitants en Seine-et-Marne. Il fait désormais des aller-retours entre Orléans, où sa communauté l’a affecté, Boulogne, – pour « garder le contact avec les filles »-, et la future « maison Magdalena ».

Là-bas, il imagine un potager, des poules, des cours de français et d’informatique et une ciergerie – une apicultrice y installera des ruches et une entreprise de bougies lui a assuré des commandes.

Les six premières pensionnaires signeront des contrats de six mois, renouvelables une fois: « il faut qu’elles aient rapidement des fiches de paie : le but est la restructuration – réapprendre à vivre le jour, à prendre soin des autres – et la réinsertion ».

Alors que sa « maison », l’Église de France, est secouée par des scandales pédophiles en série, l’ancienne victime parle d’abord de « compassion » envers les auteurs, et de « démarche de pardon et de réconciliation ». L’Église n’a-t-elle pas fait preuve de négligence? Soudain laconique, il admet: « On avait peut-être besoin de se faire botter le cul ».


Paroles de détenus

 

       

 3 novembre 2012

Après le succès de Paroles de poilus, Radio France lance un appel visant à réunir des textes rédigés en détention. De nombreux auditeurs y répondent et confient leurs témoignages exceptionnels, extraits de lettres, de journaux intimes ou de récits autobiographiques. Aux voix de prisonniers actuels ou d’anciens détenus se mêlent celles d’écrivains, tels qu’Oscar Wilde, Charles Baudelaire ou Jean Genet. Ces mots, violents ou légers, rebelles ou résignés, décrivent la vie en captivité, les peurs, les révoltes et les espoirs des hommes condamnés à la réclusion.

 

La peine et le pardon : 700 détenus prennent la parole 

janvier 2001

 
 
 
 

Le taulier : Confessions d’un directeur de prison Poche – 6 octobre 2012

 

Des maisons d’arrêt surpeuplées aux centrales de haute sécurité, Olivier Maurel a tout vu : les rapports humains d’une intensité extrême, la violence, la misère, la folie. Malgré la prise d’otage dont il a été victime, ce « taulier » parvient à évoquer les mutineries, les mutilations que s’infligent les prisonniers, la tragédie des suicides, qu’il s’agisse de gardiens ou de détenus, sans occulter les sujets sensibles tels que l’islamisme, la drogue, la sexualité. Son témoignage montre surtout le paradoxe de la mission de gardien : surveiller des individus condamnés et placés hors du corps social tout en favorisant leur réinsertion à la sortie, soit réussir là où la famille, les services sociaux et l’école ont échoué…

 


 

Médecin chef à la prison de la santé Poche

7 novembre 2001

 

Prison moyenâgeuse, crasse indicible où règnent les rats, les cafards et les punaises, maladies qui n’existent qu’en temps de guerre, détenus entassés, suicides à la chaîne, sida, toxicomanie, prostitution et viols… Tel est le quotidien de Véronique Vasseur, médecin-chef à la prison de la Santé depuis 1993 ; elle décrit cette prison dans ce livre-document poignant. À l’heure où le débat sur le monde carcéral fait rage, elle raconte les consultations dignes de la cour des miracles, la violence quotidienne, mais aussi l’opéra donné par les prisonniers, les matchs de foot, le système D… Ville dans la ville, la prison de la Santé a ses quartiers et ses règles du jeu, où se côtoient étrangers de tous pays, petits malfrats et grands terroristes, sans-papiers et VIP.

Écrit à la première personne, ce livre est un carnet de bord plus qu’un récit, le témoignage vivant d’une femme qui a vécu ce qu’elle expose ici et cherche à nous faire partager l’horreur, les souffrances et les émotions du monde carcéral. Et elle y parvient : rarement un témoignage sur la prison avait touché aussi juste. Les descriptions, les anecdotes peuvent être pénibles à lire : horreur des crimes commis, des conditions de détention, des pathologies d’un autre âge. Elles font parfois sourire, ce qui étonne dans cet enfer qu’est la Santé. Elles émeuvent toujours.

La Santé, c’est une ville dans la ville où règnent la saleté, la détresse, la maladie, la perversité… Illogique, irrationnel, incompréhensible, c’est un monde à part, coupé de la vie. (…) C’est comme un grand couvent, sale et sans spiritualité. Il faut vraiment une énergie incroyable pour ne pas sombrer. C’est plus qu’une punition, c’est l’impasse totale, la bouteille qu’on referme, l’oxygène qu’on vous coupe brutalement. La plupart [des détenus] font de courts séjours dehors et se retrouvent vite ici. C’est notre ghetto, notre honte.

 

Revue de presse

A l’origine de l’onde de choc qui pousse journalistes et parlementaires à s’intéresser au monde des prisons : le livre du Dr Véronique Vasseur, Médecin-chef à la prison de La Santé. Un témoignage sans aucune valeur littéraire ni de réflexion, mais qui, en jouant sur la corde de la sensibilité, a eu le mérite de faire sauter le couvercle. En moins de deux semaines, les députés, émus, ont dénoncé pêle-mêle omerta et conditions de détention puis voté la mise en place d’une commission d’enquête. C’est la première fois que les prisons mobilisent l’attention de tous les élus. Leur rapport, adopté à l’unanimité, dresse d’abord un constat : actuellement, la prison ne remplit qu’imparfaitement sa mission qui doit être d’assurer la sécurité de nos concitoyens, de sanctionner – sans pour autant écarter définitivement – ceux qui se sont rendus coupables d’une infraction. L’ouvrage aura au moins eu le mérite d’ouvrir la brèche.–Nadia Bon— — Urbuz.com –Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.


 

De la haine à la vie

Poche – 21 mars 2002

 
 

De la haine à la vie est le témoignage exceptionnel de Philippe Maurice, un homme qui a passé 23 ans de sa vie derrière les barreaux. Son parcours est à la fois dramatiquement banal et exceptionnel. Vers la fin de l’adolescence, Philippe Maurice verse avec son frère dans la petite délinquance. Vols de voiture, vols de chéquier, port d’armes, les deux frères ont tout d’abord l’impression de vivre « comme dans les films noirs », jusqu’à ce que ce romantisme de révolte contre la société ne se transforme en cauchemar. Lors d’un vol de voiture, Philippe est surpris par un vigile. Il tire, l’homme tombe, blessé. Recherché par la police, considéré comme un ennemi public, Philippe fait à nouveau feu sur deux policiers qu’il tue. À partir de ce moment, il ne connaîtra plus que la prison : la Santé, le QHS (quartier de haute sécurité de Fresnes), la prison de Moulin. 23 ans d’enferment dans ce qu’il nomme le « monde du dedans ».

Prenant son destin en main, Philippe Maurice, muni d’un simple CAP d’aide-comptable, va reprendre des études et les mener à bien puisqu’il soutient à la fin des années quatre-vingt-dix une thèse d’histoire médiévale à l’université. De la haine à la vie est un témoignage extrêmement fort sur la vie d’un homme cassé par le monde sauvage de la prison. Sans verser dans le moralisme, la repentance ou l’amertume, Philippe Maurice pose un regard lucide sur son existence. Plus qu’un livre touchant, De la haine à la vie est un livre vrai. –Denis Gombert


Je voulais juste rentrer chez moi

Poche – 5 septembre 2003

de Patrick Dils (Auteur), Karen Aboad (Auteur)

 

 

Avril 2002. Après quinze ans de détention, Patrick Dils sort innocenté de prison. Il est alors âgé de 31 ans.
Condamné à la réclusion à perpétuité pour avoir avoué le meurtre de deux enfants, il n’a cessé de clamer son innocence. L’adolescent perdu qu’il était lors de son arrestation s’est retrouvé pris dans un engrenage. Des aveux extorqués par la police, des détails omis, un procès mal mené, et il se retrouve confronté à l’horreur de la prison. A une période essentielle pour la construction de sa personnalité, Patrick Dils a dû faire face à la maltraitance et à l’humiliation régissant l’univers carcéral.
Dans ce récit dénonciateur au ton grave et poignant, Patrick Dils raconte sans haine comment il a fait l’objet de ce que son avocat appelle  » la plus grave erreur judiciaire du siècle « 


 

Le guide du prisonnier

Broché – 13 décembre 2012


 

De la religion en prison

De la religion en prison

Céline Béraud, Claire de Galembert, Corinne Rostaing, De la religion en prison, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Sciences des Religions », 2016, 358 p., ISBN : 978-2-7535-4304-1.
Notice publiée le 23 mars 2016

Présentation de l’éditeur

La religion se réduit-elle en monde carcéral à l’islam et cet islam à la question de la radicalisation ?

Cette recherche sociologique, basée sur deux ans d’enquête de terrain au sein des prisons françaises, englobe toutes les religions et se décentre du versant le plus exceptionnel ou spectaculaire du religieux pour embrasser ses manifestations ordinaires. Elle met au jour la façon dont l’administration gère les cultes. Elle donne des clés pour comprendre la façon dont les personnes détenues mobilisent – ou non – la religion et les rôles que peuvent tenir les aumôniers en la matière.

Terrain privilégié pour saisir les mises en oeuvre concrètes de la laïcité et la manière dont les institutions publiques font usage du religieux, la prison se révèle en même temps un lieu d’exception pour comprendre ce que la religion fait aux gens et ce qu’ils en font.

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Auteurs

Céline Béraud

Céline Béraud est maîtresse de conférences à l’université de Caen et membre junior de l’Institut universitaire de France. Ses recherches actuelles portent sur la religion dans les institutions publiques (prison, hôpital) et les questions de genre dans le catholicisme.

Publications du même auteur

Claire de Galembert

Claire de Galembert est chargée de recherche au CNRS (Institut des sciences sociales du politique/ENS de Cachan). Ses recherches portent sur les politiques publiques du religieux, avec une attention particulière à la question du droit et de la justice dans la régulation des cultes.

Publications du même auteur

Corinne Rostaing

Corinne Rostaing est maîtresse de conférences HDR à l’université Lyon 2 et membre du Centre Max-Weber (CNRS). Ses recherches portent sur le monde carcéral (les relations entre détenus et personnels, la violence, les questions de genre notamment).

Publications du même auteur

Oeuvres complètes

Broché – 30 octobre 2015


 

Ma dernière cavale avec Jésus-Christ

octobre 1996

Souvent invité à raconter à des jeunes son histoire de truand converti en prison, André Levet écoute ensuite leurs questions. Ce petit livre recueille ses réponses. Délinquance, vie des détenus, conversion, Bible, baptême, eucharistie, confirmation, confession, avortement, justice… Les sujets humains et spirituels sont éclairés avec la passion de celui qui se sait aimé par  » le Dieu de tous les hommes « . Auteur de Ma dernière cavale avec Jésus Christ (plus de 19 000 ex. vendus, aux Editions Nouvelle Cité), André Levet a connu la griserie du hors-la-loi, les lourdes peines de prison, les évasions et la joie de la vraie liberté. Depuis sa libération, il ne cesse de voyager pour communiquer sa découverte.

 


JE VEUX QUE TU SOIS MON PERE. DU GRAND BANDITISME A LA FOI. Broché – 1999

 

Le ciel par-dessus le toit : Quand Jésus rend visite en prison (Croire pocket) Broché – 2005