Justice restaurative (ou réparatrice)

 

« Condamnés victimes : un dialogue possible »
Du lundi 20 novembre au jeudi 23 novembre,
à 17h sur France Culture.

4 épisodes disponibles

 

Réécouter Condamnés-victimes : un dialogue possible (1/4) : Une histoire de la justice restaurative
55min

https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/condamnes-victimes-un-dialogue-possible-14-une-histoire-de-la-justice-restaurative

 

Réécouter Condamnés-victimes : un dialogue possible (2/4) : Réparer ceux qui restent
55min

https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/condamnes-victimes-un-dialogue-possible-24-reparer-ceux-qui-restent

 

Une expérience inédite : les rencontres Détenus-Victimes. Ils se rencontrent à la Maison Centrale de Poissy, pour 6 séances, au rythme d’une fois par semaine…

Réécouter Condamnés-victimes : un dialogue possible (3/4) : Les rencontres
54min

https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/condamnes-victimes-un-dialogue-possible-34-les-rencontres

 

Réécouter Condamnés-victimes : un dialogue possible (4/4) : Ni oubli, ni pardon
55min

https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/condamnes-victimes-un-dialogue-possible-44-ni-oubli-ni-pardon

Promotion de la justice réparatrice

Thérèse | Côte d’Ivoire  

Renaitre, retrouver une vie nouvelle et aider l’autre à reprendre vie : telle est la visée de ma mission que cela soit dans des entretiens d’écoute ou dans le cadre de l’association de ce nom que « nous » avons fondée en 2013. Nous, c’est une quarantaine de jeunes professionnels en sciences humaines et moi-même résolus à promouvoir la justice réparatrice en Côte d’Ivoire. Notre but est d’aider, à la fois les personnes victimes et les auteurs de crime, à retrouver leur dignité humaine et leur place dans la société. C’est aussi tenter de restaurer les liens brisés par la guerre, la violence ou la sorcellerie. Travailler ainsi à la réconciliation, c’est ma façon d’être xavière « missionnaire et réparatrice » et « d’annoncer la Bonne nouvelle aux pauvres et aux captifs la libération » par le Christ (Luc ch.4).

Comment ? Les projets sont divers : aider des prisonniers à s’instruire par la création d’un petite bibliothèque en prison ; ouvrir des cercles de parole pour que des victimes puissent se guérir de leur traumatisme et les aider à reprendre une activité pour vivre ; organiser des rencontres de compréhension mutuelle entre victimes et auteurs de crime ; ou encore former des jeunes délinquants. Les formes de ma mission sont différentes mais à la base résonne la parole de Claire Monestès, fondatrice de la Xavière, « tout accueillir pour tout épanouir » en croyant fermement que personne n’est irrécupérable. Tout un défi !

Heureusement en ce moment je suis particulièrement soutenue par deux membres des Communautés de Vie Chrétienne, dites CVX, que je connais dans les activités ignatiennes (retraites et accompagnements) qui est le deuxième volet de ma mission. Nous voila devant la situation embarrassante de ces « Mineurs majeurs » dont personne ne s’occupait jusqu’alors dans la grande prison d’Abidjan (5500 détenus). Auteurs de crimes graves, ces jeunes n’ont pas 18 ans mais sont pourtant « sous mandat de dépôt ». Chacun est un cas difficile. Je revois le visage découragé de Jacques, 17 ans, prévenu depuis quatre ans ; il vit dans l’angoisse de ce qui va lui arriver et porte une lourde culpabilité, celle d’avoir tué son ami en frappant, un peu trop fort et au mauvais endroit, dans un règlement de compte. Compatir et sentir son impuissance devant une situation comme la sienne, c’est aussi cela ma mission. Je parcours pour lui les méandres de la Justice mais, à chaque fois, il manque une pièce à son dossier judiciaire tandis que sa pauvre maman se saigne à blanc pour payer un avocat d’office.

Jacques est un des 60 jeunes que nous rêvons ensemble de faire « renaitre » à eux-mêmes. Mélangés actuellement aux adultes, ils sont exploités par eux moyennant un peu d’argent pour compléter leur plat unique. Depuis avril 2015, chaque jeudi matin, j’ai commencé avec trois animateurs une formation visant à leur faire découvrir qu’ils sont des personnes humaines et que les autres le sont aussi. Tout en les observant, nous avons cherché une pédagogie adaptée, la plus active possible, avec films et sketches. Mais c’est un projet beaucoup plus complet qui s’avère nécessaire. Il comprendrait formation humaine, apprentissage d’un métier, assistance judiciaire et médiation avec la famille pour qu’elle accepte de reprendre son enfant. Tout est à penser, financer, réaliser, en jonglant avec le réalisme et l’utopie.

A chaque fois, il s’agit de se demander quel est le regard que le Christ porte sur cette situation, d’oser la miséricorde avec créativité et lui abandonner le résultat… Alors allons-y puisque c’est, pour l’Église universelle, l’année centrée sur la miséricorde. N’est-elle pas finalement la force de l’amour ?

Thérèse